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Publication des notes attribuées par Neal Martin aux Bordeaux 2018

By November 19, 2019Francais

« Comme tout le reste, le futur n’est déjà plus ce qu’il était destiné à être ».

Le rapport tant attendu de Neal Martin sur les Bordeaux 2018 a été publié sur Vinous.com hier soir à l’heure du Royaume-Uni. Le rapport, intitulé « Le futur n’est plus ce qu’il était : Bordeaux 2018 », constitue une analyse d’un genre unique de ce nouveau millésime parce que contrairement à ses pairs, N. Martin a goûté les vins ailleurs que dans le cadre de la dégustation organisée par l’UGC, ce qui lui a sans doute permis de réfléchir dans le calme, mais surtout d’évaluer des vins légèrement vieillis. « Le fait que j’ai évalué les vins après leur maturation en fût signifie que dans certains cas, j’ai goûté ce qui sera l’assemblage final. »

Bordeaux 2018 : « un millésime très réussi, voire excellent »

Pour résumer, N. Martin écrit : « Le millésime 2018 est d’une très bonne qualité, voire même d’une excellente qualité. Il ne fait cependant pas autant preuve de cohérence que les millésimes 2005 et 2016 et n’a pas atteint le paroxysme qui a marqué les millésimes 2010 et encore une fois 2016. »

Il poursuit : « Il est clair que 2018 est un millésime flatteur, et couplé à la machine promotionnelle bien huilée qui est relancée chaque année lors des primeurs, je vois très bien comment il a pu à quelques occasions susciter des critiques élogieuses ».

Qu’en est-il des vins qui ont reçu une note de 100 points ? N. Martin fait à ce sujet le commentaire suivant : « À aucun moment, je n’ai rencontré un échantillon en fût qui s’approchait potentiellement de la perfection. Cela n’est pas produit une seule fois. Et je ne dis pas ça pour être méchant, c’est une évaluation sérieuse. »

Le marché – « Par où commencer ? »

Dans son rapport, N. Martin consacre un chapitre au marché. Il écrit que l’on ne peut plus désormais « parler d’une campagne “réussie” ou “ratée” pour indiquer la qualité du millésime, car les marchands ne s’appuient plus sur des millésimes qui soient bons sur toute la ligne. Cette époque est révolue. » Il affirme qu’au lieu de cela « la plupart des marchands sélectionnent et choisissent des vins qui sont bien reçus et dont le prix est sensiblement fixé pour leur permettre de dégager une marge convenable »

N. Martin, en précisant que cette tendance dure depuis un certain nombre d’années, ajoute : « ce qui change réellement, c’est que cette stratégie d’achat sélectif remonte toute la chaîne du commerce des vins jusqu’aux négociants en Bordeaux, allant même jusqu’à frapper aux portes des Châteaux ». Selon lui, les négociants ont joué le rôle de « tampon » entre les marchands et les châteaux, mais désormais « la réalité commence à se faire plus mordante alors que de plus en plus d’allocations sont poliment rejetées. »

D’ailleurs en ce qui concerne les régions viticoles autres que Bordeaux, le critique fait remarquer qu’une « tempête parfaite se profile à l’horizon ». Après avoir discuté du déclin de l’intérêt de la Chine, de l’impasse du Brexit, des droits de douane étatsuniens et des troubles civils à Hong Kong, N. Martin conclut que ce « monde tumultueux » n’est pas de bon augure pour l’achat de contrats à terme.

En termes de stratégie, il défend l’idée que « quelque chose doit changer, car la rétention des stocks par les Châteaux n’est qu’une solution à court terme pour contrôler l’offre et la demande ». Il ajoute : « Le problème avec la stratégie en place est que l’incitation à acheter en primeur est réduite étant donné que les consommateurs sont conscients qu’à un moment ce stock fera son entrée sur le marché. » Il poursuit en affirmant : « Lorsque les prix des vins sont corrects, en fonction des conditions du marché et non des aspirations d’un château cherchant à “repositionner sa marque”, les primeurs et le système de distribution fonctionnent remarquablement bien. Tout dépend du prix. C’est assez simple. »

Pour lire notre rapport de conclusion sur la campagne Bordeaux 2018 et découvrir l’impact de cette campagne sur le marché secondaire, cliquez ici.

Conclusion

En résumé, N. Martin conclut comme suit : « Il existe une sélection de grands vins de 2018, ceci dit je ne suis pas enclin à la promouvoir avec la mention “plus grand que jamais” ». – « Il est facile de se laisser emporter par le nouveau millésime, au moins jusqu’à ce que le prochain arrive. »

Puis il ajoute : « Le millésime 2019 suscite déjà de l’enthousiasme et vous pouvez parier jusqu’à votre dernier centime que dans quelques mois l’argumentaire de vente se résumera à dire qu’il est encore meilleur que le millésime 2018, une phrase que j’ai déjà entendue à deux ou trois reprises. »

En ce qui concerne les vins, N. Martin précise qu’il a seulement commencé à ressentir des « chatouilles dans le bas du dos » en abordant la Rive droite, et il ajoute : « cela replace la Rive gauche dans son contexte » et « explique pourquoi j’ai eu tendance à aduler davantage et mieux noter les vins issus de la Rive droite ». En admettant que « cela était assez inattendu » en raison de la saison de croissance trop chaude, N. Martin conclut que « la région bordelaise est pleine de surprises » et que « le futur n’étant jamais prévisible, il n’est certainement déjà plus ce qu’il était destiné à être ».

Les 20 vins à avoir reçu les meilleures notes de la part de Neal Martin figurent dans le tableau ci-dessous. Vous pouvez lire le rapport en intégralité sur Vinous.com en cliquant ici.