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Bordeaux 2018 : analyse des tendances

By October 19, 2020Francais

L’Union des Grands Crus de Bordeaux organise sa dégustation annuelle aujourd’hui et demain à Londres, pour présenter les vins du millésime 2018.

Quarante-sept châteaux du Bordeaux 500 (50 marques et leurs 10 millésimes physiques les plus récents) ont introduit leur millésime 2018 sur le marché en juin 2019. Quarante-trois de ces vins affichaient alors un prix supérieur à celui de leur équivalent dans le millésime précédent, la moyenne du surcoût par rapport aux vins de 2017 étant de 17,9 %. Sur les quatre vins sortis en affichant au contraire un prix inférieur, trois étaient des Sauternes. Le consensus au sujet de la campagne s’est avéré assez déroutant, car non seulement le millésime manquait de cohérence d’un producteur à l’autre, mais les opinions des critiques divergeaient également fortement. Néanmoins, les échanges du millésime 2018 sur le marché secondaire ont surpassé ceux du millésime 2017.

Dans notre rapport de clôture au sujet de la campagne de l’époque, intitulé « Bordeaux 2018 – un millésime troublant », la simple vérité que nous avions mise en évidence est que « les vins qui n’ont pas réussi à attirer les acheteurs ont été commercialisés à un prix trop élevé, égal ou supérieur au prix actuel du marché pour le millésime physique 2016. Ceux qui se sont bien vendus étaient au contraire proposés à un prix plus proche de la “juste valeur” ou avec une remise intéressante par rapport à leur équivalent 2016 ».

Pour des raisons de santé, Neal Martin a dégusté le millésime loin du théâtre de la dégustation organisée par l’UGCB. Il a d’ailleurs publié ces commentaires de dégustation en novembre 2019, ses notes suggérant que 2018 n’arrivait pas à la hauteur des grands millésimes du 21e siècle. En effet, ses notes moyennes pour le millésime 2018, bien que plus élevées que celles des « millésimes intermédiaires », n’égalaient ou ne surpassaient pas celles des millésimes 2005, 2009, 2010, 2015 et 2016 (alors que les prix étaient similaires).

À ce jour, la majorité des vins lancés pendant la campagne ont vu leur prix diminuer par rapport à leur prix de sortie ex-Londres, seuls trois vins se distinguant avec un prix en augmentation.

Le leader incontesté, le Lafite Rothschild 2018, sorti dans des bouteilles célébrant son 150e anniversaire, a été mis sur le marché au prix de 6 000 £ pour 12 bouteilles de 75 cL, un tarif identique au millésime 2016. Neal Martin lui a attribué la note de 95-97 points, dénotant son taux d’alcool à 13,3 % et déclarant qu’il « pourrait très bien finir par concurrencer le millésime 2016 ». De nombreuses et nombreux critiques, dont Jane Anson, Jeff Leve et Lisa Perrotti-Brown, ont été d’emblée plus généreux dans leur évaluation, classant le vin en fût dans la fourchette supérieure des 100 points.

Toujours parmi les Bordeaux, un bon choix en termes de valeur relative pourrait se porter sur la deuxième meilleure performance, le Calon Segur 2018, qui après être sorti au prix de 864 £ pour 12 bouteilles de 75 cL, s’échange maintenant avec un surcoût de 3,36 %. Le Vieux Chateau Certan 2018 arrive sur la troisième marche du podium, après une augmentation de prix de 2,7 % depuis sa sortie (2 628 £).

À l’inverse, le Grand Puy Lacoste 2018 est le vin dont le prix a le plus chuté, alors qu’il était sorti à 672 £ les 12 bouteilles de 75 cL, un prix 3,7 % supérieur à celui du millésime 2017 et 8,6 % inférieur à celui du millésime 2016. Deux Premiers crus figurent également parmi les vins rouges de 2018 dont le prix a baissé : Le Margaux avec – 8,1 % et le Mouton Rothschild avec – 9,0 %.

Alors que les marchands et les critiques réévaluent le millésime 2018, la question qui se pose est la suivante. Où le millésime 2018 se situe-t-il comparé aux très admirés et bien notés millésimes 2016 et 2019 ? Ou encore, l’examen du millésime, réalisé par Neal Martin dans le contexte particulier que nous lui connaissons (paru 6 mois après tous les autres), se vérifie-t-il ?