L’incertitude géopolitique, les droits de douane de 25 % sur les vins européens et les derniers bouleversements causés par le Covid-19 ont tous pesé lourdement sur le moral des acteurs du marché des vins fins. Les échanges ont néanmoins perduré – à des niveaux records (Le commerce des grands vins passe au numérique) – et, à première vue, les prix sont restés relativement résilients.
Le graphique ci-dessus montre l’évolution de l’indice Liv-ex Fine Wine 100 et les décotes moyennes mensuelles des transactions par rapport au prix de marché. Bien que la pression sur les prix a été faible au début de l’année, nous avons vu l’écart entre les montants des transactions et les prix de marché se creuser depuis la mi-mars, moment où le monde entier s’est retrouvé confiné. Cet écart s’élève aujourd’hui à 6,1 %. Comme les collectionneurs réduisent leurs dépenses en réaction (ou par anticipation) à la récession, les ventes ont naturellement diminué. Selon les principes économiques de base, la première chose à faire pour reconquérir les acheteurs à ce moment-là est de baisser les prix. Mais si vous ajoutez à cela la volatilité des taux de change, l’aversion au risque augmente.
À long terme, la faiblesse des marchés finit toujours par tirer l’intérêt des acheteurs vers le bas. Le Liv-ex 100 a enregistré un rendement de 205 % au cours des quinze dernières années, et ce bien que son cours actuel se situe 18 % en deçà du pic de 2011. Au cours de la dernière crise économique, le Liv-ex 100 s’était effondré de 25 % (Faillite de Lehman Brothers en octobre 2008). Les collectionneurs, les commerçants, les détaillants et même les producteurs sont donc aujourd’hui confrontés à un choix crucial. Ceux qui sont en mesure de faire face à la tempête peuvent choisir de conserver ou même de capitaliser les opportunités d’achat. Mais pour la plupart, le maintien de la progression du chiffre d’affaires nécessitera des prix plus bas et la possibilité de réinvestir dans des stocks correspondant au nouveau niveau de prix. Vous pourriez donc avoir à baisser davantage les prix, mais à mesure qu’ils baisseront, les acheteurs, à court comme à long terme, reviendront frapper à votre porte. Quel est donc votre dernier prix ?